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JUIN 2010

Olivier Massart

Portrait chinois d'un grand acteur belge



JUIN 2010 

 Olivier Massart fait souvent les beaux soirs du théâtre bruxellois. Vous pouvez en ce moment le revoir avec ses complices Véronique Biefnot, Valérie Lemaître et Damien Gillard, pour la reprise du succès de Yasmina Reza « Le Dieu du Carnage », et bientôt dans la création de « Doute » de J.P. Shanley la saison prochaine.

Petit portrait impertinent d'un acteur aux mille facettes. Petit questionnaire de Proust détourné.

Si vous étiez un animal ?

Un cheval... de trait... faut être lucide.

Si vous étiez une petite souris, qu'aimeriez -vous découvrir ?

Qu'en réalité, Mickey a la voix de Barry White.

Si vous étiez une réplique de théâtre ?

Un silence... C'est la partie immergée de l'iceberg, c'est un espace de liberté totale, sans doute un des seuls endroits où l'acteur est créateur, le reste du temps il est passeur. J'aime l'idée qu'un acteur interprète les mots mais crée ses silences... (Ne pas oublier quand j'écrirai mes mémoires, d'y glisser ce genre de pensée profonde et autosuffisante qui n'est pas sans provoquer une certaine admiration chez le lecteur ainsi qu'une légère érection chez l'auteur. Ou le contraire...)

Si vous étiez un trou de mémoire ?

Jamais ! Il faut se souvenir. De tout. De son histoire, de ses traditions, de ses actes glorieux et moins glorieux, de ses erreurs. Se souvenir, sans être nostalgique, sans regretter non plus.

Si vous étiez Dieu le Père que changeriez-vous au monde ?

J'ajouterais un cahier sportif.

Et au théâtre ?

Je dépolitiserais toutes les nominations à la tête d'institutions, ainsi que les attributions de subventions, et rendrais le pouvoir et les moyens aux artistes... J'équiperais les loges de jacuzzis, de hammams et de saunas ; j'encadrerais les acteurs de kinés qui pratiqueraient d'interminables séances de massage après le spectacle... ( ça se fait au foot, et tout le monde trouve ça normal ! ) Je rendrais la vue aux acteurs paralytiques, et ferais marcher les actrices aveugles, rien que pour emmerder mon fils ! Je multiplierais les caves à vin au foyer des artistes et les armoires à Single Malts ; je rangerais la réserve à accessoires pour en faire des séchoirs à jambon de porc basques, élevés aux châtaignes, comme on en trouve plus guère qu'au restaurant le Saint-Boniface, place Saint-Boniface à Ixelles (ouvert midi et soir en semaine) ou chez Orphyse Chaussette ( près du Sablon )! Et les gens m'aimeraient, et les auteurs écriraient des pièces sur moi... Mieux, des comédies musicales, toujours pour emmerder mon Fils ! Je ne sais pas pourquoi, j'ai le sentiment que c'est encore la deuxième hypothèse qui est la plus probable. Amen...

Quel serait votre pire cauchemar une veille de première ?

Je suis derrière une porte du décor, je transpire, je suis prêt à entrer en scène, j'entends défiler le texte de mon partenaire, je transpire de plus belle, ça va être à moi, je vais devoir entrer, je tourne la poignée qui résiste, je suis en nage, je force, et là, devant moi : Damien Gillard ! Au secours !

Si vous étiez comédienne, vous aimeriez jouer... (rôle, personnage,

pièce) ?

Lady Macbeth, ou Lady Anne dans « Richard III ».

Quel autre métier du théâtre auriez-vous aimé exercer ?

Psychanalyste... ou chapelier.

Quand vous étiez tout jeune, vous rêviez de jouer .... (rôle, personnage,

pièce)?

Cyrano, avec un faux nez, une épée et une longue cape noire.

Et quand vous serez tout vieux ?

Cyrano, avec mon vrai nez, une canne et une longue cape noire

pour cacher le déambulateur.

Si vous étiez un projecteur, sur quoi mettriez-vous l'éclairage ?

Sur toute cette solidarité, ces équipes, ces métiers qui rendent les spectacles possibles. Les téléphonistes, l'administration, l'équipe du bar, de la cuisine, les décorateurs, les costumières, les maquilleuses, les habilleuses, les créateurs lumières, les musiciens, les comédiens et les régisseurs bien sûr ! Non, je déconne... rien que sur moi évidemment.

Si vous étiez réincarné en accessoire de théâtre, vous seriez ... ?

Un miroir de coulisse, pour voir passer et repasser du monde.

Si vous deviez vous lancer « Quelques Fleurs* », vous vous diriez ?

« A toujours essayé de faire son (petit) possible. » ça sonne comme une mauvaise épitaphe !

Si vous étiez la conclusion de ce portrait chinois ?

Etonnant, non ? (Pierre Desproges)

 

* Titre de la pièce écrite par Olivier en 2001

(propos et délire recueillis pas Michel Vanderlinden)

Olivier Massart est en ce moment sur la scène du Théâtre Le Pubic depuis le 06/05 et jusqu'au 26/06/10 dans le spectacle « Le Dieu du Carnage » de Yasmina Reza


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chanoine - Me 21/07/10 - 09:24

Un tout grand monsieur! Toujours passionnant, parce que passionné et généreux! Un être extraordinaire! Merci pour tout!!!

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