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MAI 2011

Isabelle Defossé

Une femme et une actrice dans le monde



Isabelle Defossé : une femme et une actrice dans le monde


Isabelle Defossé est à l'affiche du Public dans « Un fil à la patte » de Georges Feydeau. C'est l'occasion pour nous de poser quelques questions à cette formidable comédienne, d'une énergie et d'une sensibilité incroyables, qu'elle nous avait déjà fait partager  dans « Un tramway nommé désir » et plus récemment dans « S.T.I.B. » de Geneviève Damas.


Le Public: Tu as dit un jour que tu avais besoin d'être nourrie dans ton travail. Qu'est-ce qui te nourrit donc au théâtre ?

Isabelle Defossé : La rencontre d'un texte, d'hommes et de femmes, de paroles, de regards...  On a une heure et demie pour prendre la parole. Et donc c'est la rencontre d'auteurs, d'acteurs, de metteurs en scène, de scénographe,...  qui va faire ce que l'on dit. Donc évidemment, les gens qu'on croise, c'est primordial. Et puis, avant tout, il y a un texte, il faut entrer petit à petit dans une psychologie, dans la manière de penser de quelqu'un, simplement en voyant ce qu'un personnage dit et les actes qu'il pose. Donc forcément, ça nous transforme. On tente de rentrer dans une pensée qui n'est pas la nôtre! Donc, on s'ouvre un monde qu'on ne connaît pas. C'est l'autre, c'est l'inconnu qu'on essaie d'approcher un peu, d'une certaine manière et on réduit l'espace entre l'autre et soi.

Le Public : Dans l'échange ?

Isabelle Defossé: C'est un échange bien sûr, d'abord avec un metteur en scène, mais qui passe forcément par nos yeux à nous, par notre façon de voir les choses. C'est ça l'interprétation : un point de vue. Est-ce que le personnage existe vraiment ? Comment donner chair à ce qui est dit ?

Le Public : Est-ce qu'il t'est arrivé de ne pas connaître cet échange?

Isabelle Defossé: Chaque fois je me dis qu'il y a des choses à découvrir. On essaie toujours de se rencontrer quelque part. S'il faut seul remplir tout, quel travail, quel contrôle ! On  est quand même très peu de chose, c'est minuscule ce qu'on peut faire tout seul. Il y a toujours un endroit où on peut se retrouver. Il y a parfois des choses qui sont loin de moi, ça ne se passe pas toujours  où l'on croît, c'est une belle manière d'être dans le monde, d'être au monde, que faire ce métier- là, il nous force à sortir de nous-mêmes.

Le Public : Quels ont été les spectacles qui ont été pour toi de réels moments de bonheur ?

Isabelle Defossé: Récemment, c'est « La cuisine d'Elvis » de Lee Hall². parce qu'au départ il y a un style, un texte très fort, des rôles...  et ce qui est dit... et la manière dont c'est reçu par le public évidemment. C'est très rare qu'il y ait une cohésion complète. Et puis « Parole et guérison » mis en scène par Adrian Brine², bien sûr, parce que c'est un homme unique, un spectateur du monde, et que j'ai beaucoup appris avec lui. Chaque spectacle offre sa perle. Comme avec Geneviève Damas et Janine Godinas l'année dernière dans « S.T.I.B. »³, dans un registre un peu plus intime, en dentelle, parce que l'on s'est croisées  à des moments de nos vies où ça nous a éclairées chacune. Ca porte. on a besoin de légèreté, de beauté.

Le Public : Tu as besoin de ça au théâtre et dans la vie ?

Isabelle Defossé : La beauté, la grâce, c'est essentiel. Avant, je pouvais trouver ça superficiel. Mais avec le temps, ça devient de plus en plus important. L'autre jour,  j'étais dans le bus et j'ai vu une belle femme et je n'ai pas pu  m'empêcher de lui dire qu'elle était splendide. Une femme joyeuse ! Quelle classe ! Quelle élégance ! La joie, quelle élégance pour les autres. Ce métier touche à ça aussi, pour moi  la capacité à retrouver de la légèreté. La recherche de la beauté. Quelque chose qui, à un endroit, va nous alléger.

Le Public : Les actrices sont souvent celles qui sont traversées par cette grâce et cette beauté.

Isabelle Defossé : C'est vrai qu'on transmet quelque chose. On est transpercé par ce qui arrive au monde. On met au monde aussi. C'est lié. On porte quelque chose. Et de plus en plus, maintenant que j'ai des enfants, l'éducation pour moi est primordiale. La transmission. Ce qu'on se donne, ce qu'on se lègue.

Le Public : Tu fais aussi du cinéma, des téléfilms. C'est un autre plaisir de jouer ou c'est le même ?

Isabelle Defossé : C'est un autre plaisir mais qui vient toujours de la même recherche. C'est toujours un apprentissage. Mais ça m'intéresse de travailler sur la « petitesse » des choses qui doivent pourtant être présentes. J'aime ça aussi au théâtre, les choses intimes, les petites salles. Je parle de ça alors qu'on joue Feydeau dans la Grande Salle (rires) ! et c'est une joie absolue de retrouver une grande distribution. c'est du  « vrai théâtre ».

Le Public: Tu as des projets d'écriture ou de mise en scène ?

Isabelle Defossé: Oui... mais je suis très, très lente. Je ne sais pas faire plusieurs choses à la fois, tout me prend beaucoup de temps. Alors j'accepte que ça soit encore un peu le brouillard en me disant qu'un jour tout ça va prendre forme, à sa juste place et quand ce sera le bon moment. Une ébullition permanente qui doit trouver la bonne direction. Voilà, je dirais ça.


 ¹« La cuisine d'Elvis » de Lee Hall, créé par le Zone Urbaine Théâtre dans une mise en scène de Georges Lini et repris au Théâtre de Poche.

²Adrian Brine est un grand metteur en scène avec qui Isabelle Defossé à souvent travaillé, Notamment dans : « Trois versions de la vie » de Yasmina Reza - « Parole & guérison » de Christopher Hampton - « Occupe-toi de feydeau » de David Lewis - « Lunes de miel » de Noël Coward et « L'heure verticale » de David Hare.

³ « S.T.I.B.» de Geneviève Damas dans une mise en scène de Janine Godinas. Création de la compagnie Albertine et repris au Public lors de la saison 2009/2010.

crédits photos "Un fil à la patte": Isabelle Debeir


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